L’ENVIRONNEMENT AU CŒUR DES ACTIVITÉS DU CERN

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Dr. Fabiola Gianotti, directrice générale du CERN (Image: CERN)

Le deuxième rapport public du CERN sur l’environnement porte sur la période 2019-2020. Les temps ont été difficiles pour nous tous, la pandémie de COVID-19 ayant contraint pratiquement l’ensemble de la planète à suspendre ses activités. Au CERN, cette période a aussi été celle du deuxième long arrêt (LS2) du Grand collisionneur de hadrons (LHC) et de notre complexe d’accélérateurs — une longue étape de maintenance et d’amélioration. Du point de vue de la gestion de l’environnement, les longs arrêts sont des périodes particulièrement intenses. Les équipements en fin de vie sont remplacés, ce qui permet la mise en conformité avec les dernières normes environnementales. En raison de la pandémie, nous avons dû adapter nos plans, et j’ai le plaisir d’annoncer que nous avons réussi à le faire avec seulement quelques mois de retard sur le calendrier initial.

Lors du LS2, le projet d’amélioration des injecteurs du LHC (LIU) a pu être achevé, la chaîne d’injection étant maintenant prête pour la phase à haute luminosité du LHC (HL-LHC), qui devrait démarrer en 2028. Le plus ancien accélérateur encore exploité au CERN date de 1959, et les autres des années 1970. Le projet LIU a été l’occasion d’améliorer leurs performances techniques comme environnementales. Durant le premier long arrêt du LHC, le Supersynchrotron à protons (SPS) s’est doté d’un nouveau système d’alimentation, qui a permis de réduire la consommation d’énergie de la machine de 40 GWh/an. Durant la période couverte par le présent rapport, un système similaire a été installé dans le cadre de la rénovation du hall d’expérimentation de la zone Est, faisant abaisser la consommation d’énergie de 90 %.

Le LS2 a également été l’occasion d’effectuer des opérations de maintenance sur nos expériences et de les améliorer. Dans notre précédent rapport sur l’environnement, nous nous étions engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de champ 1 de 28 % avant 2024. Bien que la pandémie nous ait empêché de progresser autant que prévu, nous avons commencé à installer de nouveaux systèmes de refroidissement dans les grands détecteurs de particules afin de remplacer les gaz à haut potentiel de réchauffement climatique par des gaz plus respectueux de l’environnement. Les expériences ont aussi réparé les fuites dans leurs détecteurs de particules et étudié des mélanges de gaz respectueux de l’environnement.

L’année 2020 a été marquée par la publication d’une mise à jour de la stratégie européenne pour la physique des particules, qui place la protection de l’environnement au cœur de la physique des particules en Europe et dans tout projet mené au CERN. Il y est dit que « [l]’impact environnemental des activités de physique des particules devra continuer d’être étudié de près, et d’être limité autant que possible. Un plan détaillé visant à limiter le plus possible l’impact environnemental et à économiser et réutiliser l’énergie devra faire partie du processus d’approbation de tout projet important ».

Par exemple, en 2020, une installation de récupération de la chaleur résiduelle du LHC a été créée pour chauffer un nouveau quartier résidentiel situé à proximité, en France. D’autres mesures similaires verront le jour : les plans d’un nouveau centre de calcul prévoient un système de récupération de chaleur pour chauffer les bâtiments du site de Prévessin, et des études sont en cours pour évaluer le potentiel de récupération de chaleur en d’autres points du LHC. La récupération de chaleur sera intégrée à la conception de toute future installation au CERN.

Notre premier rapport sur l’environnement nous avait permis de définir un cadre et de fixer des objectifs concrets. Avec celui-ci, nous voulons transformer nos paroles en actes. Au cours de la période 2019-2020, les objectifs définis par le Comité directeur pour la protection de l’environnement du CERN (CEPS) ont été formalisés, financés et mis en œuvre — par exemple, un bassin de rétention a été construit sur le site de Prévessin pour prévenir la pollution accidentelle des cours d’eau avoisinants et limiter les conséquences de très fortes précipitations.

Dans le présent document, nous traitons pour la première fois de nos émissions de champ 3 en présentant des données relatives aux voyages professionnels, aux trajets domicile-travail, à la restauration, au traitement des déchets et à la purification de l’eau. Les achats représentent en principe la majeure partie des émissions de champ 3 de l’Organisation. Une procédure visant à évaluer les émissions de champ 3 dues aux achats, ainsi qu’un projet visant à déterminer la manière d’améliorer l’impact écologique des achats, sont en préparation. Il s’agit d’une étape importante dans la compréhension et la maîtrise de nos émissions globales.

Nous voulons aussi contribuer à la réalisation d’objectifs de développement durable définis par les Nations Unies en matière d’environnement en améliorant nos pratiques et en nouant des partenariats. Les objectifs auxquels nous pourrions contribuer sont le no 7 (Énergie propre à un coût abordable) et le no 9 (Industrie, innovation et infrastructures). Nous travaillons activement sur de nouvelles technologies, telles que les lignes supraconductrices de transport d’énergie, qui pourraient jouer un rôle important dans la réalisation de ces objectifs.

En raison de la pandémie de COVID-19, l’organisation du travail au CERN a radicalement changé durant la période concernée par ce rapport, avec la généralisation du télétravail et l’impossibilité pour nos utilisateurs de se rendre au CERN. Même si nous attendons tous avec impatience la fin de la pandémie, les bénéfices environnementaux liés à la réduction des déplacements continueront d’être recherchés sur le long terme.

Le CERN s’engage pleinement pour la protection de l’environnement et la transparence. Il s’engage également à mettre au point des technologies susceptibles d’aider la société à améliorer la santé de la planète. Le présent document détaille nos performances actuelles, décrit nos objectifs et présente l’approche proactive de la protection de l’environnement mise en œuvre au Laboratoire et au sein de la communauté scientifique du CERN. La priorité que représente pour nous l’environnement, clairement affichée depuis notre engagement à produire des rapports publics, s’est encore renforcée depuis la publication de notre premier rapport. Une analyse de matérialité nous a notamment aidé à définir et à hiérarchiser nos objectifs d’amélioration. Nous renouvellerons régulièrement cet exercice pour que la protection de l’environnement reste au cœur de la prise de décisions et dans tous les aspects du quotidien au CERN.

Fabiola Gianotti, directrice générale

EN CHIFFRES - CERN ET L'ENVIRONNEMENT EN 2019

La période 2019-2020 a été marquée par le deuxième long arrêt du complexe d’accélérateurs du CERN. Plusieurs indicateurs environnementaux affichent ainsi des niveaux différents par rapport à la précédente période de rapport (2017-2018). Les chiffres présentés ici ne reflètent que les indicateurs de 2019, 2020 n’étant pas une année représentative du fait de la pandémie de COVID-19.

ÉNERGIE

428 GWh

En 2019, le CERN a consommé 428 GWh d’électricité et 68 GWh d’énergie fossile. Sa consommation d'électricité a été environ 64 % plus faible que lorsque le complexe d'accélérateurs est en exploitation.

Le CERN s’engage à limiter à 5 % la hausse de sa consommation d'électricité d’ici à fin 2024 (année de référence : 2018) tout en augmentant notablement la performance de ses installations. Il s'engage également à réutiliser davantage l'énergie.

 

ÉMISSIONS

78 169 teqCO2

En 2019, les émissions directes de gaz à effet de serre du CERN s’élevaient à 78 169 tonnes d’équivalent CO2 (teqCO2), ce qui représente moins de la moitié de la quantité annuelle émise pendant la période 2017-2018, lorsque les accélérateurs étaient en exploitation.

Les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité (champ 2) ont été de 10 672 teqCO2. En outre, les émissions indirectes liées à la purification de l'eau, au traitement des déchets, aux voyages professionnels, aux trajets domicile-travail et à la restauration (champ 3) ont été de 12 098 teqCO2.

Le CERN entend réduire ses émissions directes de 28 % d’ici à fin 2024 (année de référence : 2018).

 

DÉCHETS

Recyclés à 57 %

En 2019, le CERN a éliminé 5 589 tonnes de déchets non dangereux, dont 57 % ont été recyclés. Le Laboratoire a également éliminé 1 868 tonnes de déchets dangereux.

L'objectif est d'augmenter le taux de recyclage actuel.

 

EAU

2 006 ML

En 2019, le CERN a utilisé 2 006 mégalitres (ML) d’eau, provenant principalement du lac Léman. C’est 47 % de moins que la consommation d'une année en période d'exploitation.

Le Laboratoire entend limiter à moins de 5 % la hausse de sa consommation d’eau d’ici à fin 2024 (année de référence : 2018), malgré un besoin croissant pour refroidir ses installations améliorées.

 

BIODIVERSITÉ

16 espèces d'orchidées

En 2019, une nouvelle espèce d'orchidée a été découverte sur le domaine du CERN, portant le total à 16 espèces.

Le CERN compte 258 ha de prairies et de champs cultivés, 136 ha de forêts et trois zones humides.

Rapport en PDF et Glossaire

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Les questions relatives au présent rapport peuvent être adressées à : Environment.report@cern.ch.

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