Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du CERN ont été estimées grâce à la méthode du Greenhouse Gas Protocol et classées en trois catégories ou « champs ». Le champ 1 regroupe les émissions directes provenant des installations et véhicules d’une organisation. Le champ 2 englobe les émissions indirectes liées à la production d’électricité, de vapeur, de chauffage ou de refroidissement achetée pour le propre usage d’une organisation. Le champ 3 comprend toutes les autres émissions indirectes produites en amont et en aval des activités d’une organisation (voyages professionnels, trajets domicile-travail, restauration, etc.).


ÉMISSIONS DIRECTES — CHAMP 1

Emissions_Scope1-2_2017-2020
ÉMISSIONS DE CHAMPS 1 ET 2 DU CERN CLASSÉES PAR CATÉGORIE POUR 2017-2020. La catégorie « Autres » englobe la climatisation, l’isolation électrique, les générateurs de secours et la consommation d’essence pour les véhicules du CERN. Facteurs d’émission pour l’électricité : Bilans EDF des émissions de GES de 2002 à 2020 pour EDF et Bilan Carbone® V8 pour la Hongrie.
Breakdown of Scope 1 emissions
RÉPARTITION DES ÉMISSIONS DE CHAMP 1 PAR TYPE DE GAZ EN 2019 ET 2020. Les données concernant le potentiel de réchauffement climatique sont basées sur le 4e rapport d’évaluation du GIEC de 2007 (AR4), et correspondent à celles utilisées dans le règlement européen no 517/2014 relatif aux GES fluorés.

Les émissions directes de GES du CERN (champ 1) sont principalement liées à l’utilisation de gaz fluorés (gaz F) pour la détection de particules et le refroidissement des détecteurs dans les grandes expériences du LHC. Ces gaz incluent le SF6, ainsi que divers HFC et PFC pour la détection de particules, des HFC et des PFC pour le refroidissement des détecteurs, et des HFC pour les systèmes de climatisation. Le SF6 sert aussi à l’isolation des systèmes d’alimentation électrique. En 2019 et 2020, les émissions directes de GES de champ 1 du CERN ont respectivement été de 78 169 et 98 997 tonnes d’équivalent CO2 (teqCO2). En raison du deuxième long arrêt (LS2), ces émissions ont été réduites de moitié par rapport à celles de 2017-2018. Elles ne sont toutefois pas nulles, car le refroidissement est maintenu pendant les longs arrêts afin d’éviter le vieillissement prématuré des détecteurs de particules.

Stratégies d'optimisation

Le CERN s’attache essentiellement à limiter les émissions de gaz F, les plus importantes, l’objectif étant de réduire les émissions de champ 1 de 28 % d’ici à fin 2024 (année de référence : 2018). Pour optimiser l’utilisation de gaz dans les détecteurs, le CERN a élaboré une stratégie de R&D fondée sur quatre piliers : la récupération, la réduction, l’optimisation des technologies actuelles et le remplacement par des gaz plus écologiques.

Pendant la deuxième période d’exploitation, le CERN a testé un prototype de centrale de récupération de HFC-134a sur un vrai détecteur. À ce jour, les résultats du prototype indiquent un taux de récupération proche de 85 %. Un prototype amélioré est en cours de conception et devrait être installé sur deux détecteurs en 2022.

Les détecteurs installés sur les expériences du LHC sont dotés de systèmes de recirculation des gaz fluorés, efficaces à 90 %, qui permettent de réduire la consommation de gaz. Les émissions de gaz F du CERN proviennent en majorité de petites fuites dans les détecteurs, de construction nécessairement légère. Pendant le LS2, les expériences ont mené une campagne de réparation de ces fuites. Toutes n’ont pas pu être réparées en raison de la pandémie de COVID-19, mais cela reste une priorité.

Lors du LS2, les gaz fluorés ont commencé à être remplacés par du CO2 dans les systèmes de refroidissement des détecteurs. En plus d’avoir un impact beaucoup plus faible sur le réchauffement climatique, le CO2 est efficace dans les tout petits tuyaux, ce qui est essentiel pour certains systèmes du LHC.

En 2020, le CERN a créé un groupe de travail sur la gestion des gaz F, réunissant des représentants des départements concernés et des grandes expériences du LHC. Ce groupe a examiné des questions telles que la mise en œuvre d’une politique d’achat centralisée des gaz F, la détection des fuites, les solutions alternatives, la formation du personnel manipulant les gaz F et l’amélioration de la traçabilité et de la communication des informations.

ÉMISSIONS INDIRECTES — CHAMP 2

En 2019 et 2020, les émissions indirectes (champ 2) liées à la consommation électrique du CERN ont atteint respectivement 10 672 et 9 247 teqCO2. Sur l’ensemble des émissions indirectes de 2019, 3 075 teqCO2 résultaient de la consommation d’électricité d’un centre de données du CERN situé au centre Wigner, en Hongrie. Depuis 2020, le CERN n’exploite plus cette installation. Les chiffres sont basés sur des facteurs d’émission moyens découlant de la production d’électricité, pour les réseaux locaux des États hôtes.

Le principal fournisseur d’électricité de l’Organisation, EDF, utilise de l’électricité à faible émission de carbone, d’origine principalement nucléaire. Pendant le LS2, la consommation d’électricité a été 64 % plus faible que pendant les années d’exploitation, baisse qui s’est répercutée sur les émissions.

AUTRES ÉMISSIONS INDIRECTES — champ 3

Emissions_Scope3_2019-2020
ÉMISSIONS DE CHAMP 3 DU CERN EN 2019-2020. La catégorie « Déchets » comprend les déchets envoyés dans différentes filières d’élimination, ainsi que l’eau envoyée dans les stations de traitement des eaux usées. Concernant les voyages professionnels et les trajets domicile-travail, seuls les membres du personnel rémunérés par le CERN sont inclus et le chiffre indiqué pour les trajets domicile-travail en 2020 est une estimation. Les émissions liées aux achats sont exclues.

En 2020, le CERN a évalué pour la première fois ses émissions de champ 3. Les estimations présentées ici couvrent les années 2019 et 2020. L’Organisation a mesuré les émissions liées aux voyages professionnels, aux trajets domicile-travail, à la restauration, au traitement des déchets et à la purification de l’eau, en appliquant les facteurs d’émission Ecoinvent et en utilisant les valeurs du potentiel de réchauffement climatique de 2013 établies par le GIEC.

Les achats représentent la majeure partie des émissions de champ 3 de l’Organisation. Ce sont les plus difficiles à quantifier en raison de la diversité des produits, des fournisseurs et des origines des achats résultant de la nature du travail du CERN et d’une politique d’achats qui s’attache à équilibrer les retours industriels pour tous les États membres et États membres associés. Une procédure d’évaluation des émissions de champ 3 liées aux achats ainsi qu’un projet visant à évaluer la manière d’améliorer l’impact écologique des achats du CERN sont en préparation.

Traitement des dechéts et purification de l'eau

En 2019 et 2020, les émissions de champ 3 liées à la purification de l’eau s’élevaient respectivement à 133 et 129 teqCO2. Les émissions indirectes produites lors du traitement des déchets sont liées aux filières d’élimination ; en 2019 et 2020, elles s’élevaient respectivement à 2 061 et 1 750 teqCO2. La réduction de ces émissions est attribuable à la gestion de l'eau et à la gestion des déchets.

Voyages professionelles

En 2019 et 2020, les émissions liées aux voyages professionnels s’élevaient respectivement à 3 330 et 619 teqCO2. La plupart de ces émissions découlent des voyages en avion.

Seuls les voyages effectués par les membres du personnel employés et associés, rémunérés par le CERN, ont été pris en compte. Les voyages effectués par les utilisateurs du Laboratoire n’ont pas été comptabilisés (voir Approche managériale). Ces voyages étant généralement pris en charge et gérés par l’institut d’origine des utilisateurs, le CERN a peu de visibilité sur cette question. En raison de l’ampleur de la communauté des utilisateurs du CERN, les émissions liées aux voyages des utilisateurs sont probablement beaucoup plus importantes que celles du personnel rémunéré par le CERN.

En 2020, le CERN a actualisé sa procédure pour les voyages professionnels, encourageant les modes de transport présentant une empreinte carbone réduite.

Trajets domicile-travail

En 2019 et 2020, les émissions liées aux trajets domicile-travail s’élevaient respectivement à 5 836 et 1 868 teqCO2. En 2020, ces trajets n’ont pas pu être évalués précisément, en raison de la pandémie ; le chiffre indiqué est une estimation fondée sur le nombre de repas servis dans les restaurants du CERN. Comme pour les voyages professionnels, les émissions liées aux trajets domicile-travail ont été calculées pour les membres du personnel rémunérés par le CERN (environ 4 000 personnes). En parallèle et hors pandémie, environ 12 000 utilisateurs se rendent régulièrement au CERN sur des périodes de durée variable. Leurs émissions ne sont pas prises en compte dans les calculs.

Près de 77 % des membres du personnel viennent de France pour travailler, la plupart avec leur propre véhicule du fait d’un réseau limité de transports publics. Le CERN s’est fixé comme objectif pour 2025 de maintenir constant le trafic pendulaire individuel, et ce malgré une communauté scientifique en expansion. On estime que 17 % des trajets pendulaires se font à pied ou à vélo.

Le CERN met gratuitement à la disposition de son personnel une flotte de 750 vélos, la plus grande parmi les entreprises et organisations en Suisse. Il dispose aussi d’une flotte de voitures de location et d’un service de navettes pour la mobilité inter et intrasites. En 2020, le CERN a approuvé plusieurs mesures visant à promouvoir une écomobilité (navettes plus fréquentes, amélioration des pistes cyclables, etc.).

Restauration

Le CERN compte plusieurs restaurants, cafétérias et distributeurs automatiques sur ses sites, tous gérés par des entreprises extérieures. Le principal prestataire, NOVAE, exploite trois restaurants, sept cafétérias et la majorité des distributeurs automatiques du domaine. En moyenne, NOVAE fournit 3 500 repas par jour. Les émissions liées à la nourriture et aux boissons proviennent des produits alimentaires achetés par NOVAE ; celles liées à l’énergie utilisée dans les cuisines relèvent des émissions de champ 2. En 2019 et 2020, les émissions du CERN liées à la restauration étaient respectivement de 738 et 243 teqCO2. La viande rouge et les produits laitiers représentent plus de la moitié de ces émissions.

NOVAE travaille activement à la réduction de son empreinte carbone depuis plusieurs années. L’entreprise achète environ 70 % de ses produits frais dans un rayon de moins de 200 km. L’élimination progressive des contenants en plastique à usage unique a été ralentie à cause de la pandémie de COVID-19.

Pour aller plus loin


Charlotte Ioan est responsable des achats et de la nutrition chez NOVAE, fournisseur des restaurants du CERN.

— Quelle est l’approche de NOVAE concernant la durabilité de son approvisionnement ?

CI: En 2009, nous avons adopté une stratégie d’approvisionnement axée sur la qualité, l’éthique et la production locale. Nous avons aussi créé un réseau d’approvisionnement responsable et local avec nos partenaires agricoles. Nous nous rendons régulièrement sur le terrain pour échanger avec les producteurs. Grâce à cette approche, nous construisons des relations durables avec nos partenaires et développons nos chaînes d’approvisionnement. Aujourd’hui, nous comptons 95 partenaires directs, dont 75 % sont basés en Suisse. Notre modèle d’achats est fondé sur un écosystème vertueux et responsable, alliant qualité et durabilité. En 2020, nous avons obtenu la médaille d’argent EcoVadis, ainsi que des certifications ISO pour la qualité, l’environnement et la santé et la sécurité au travail (ISO 9001, 14001 and 45001).

— A quoi l'avenir de NOVAE ressemblera-t-il ?

CI: La proximité est notre valeur centrale ; nous continuerons donc à nous concentrer sur des produits locaux de qualité. Nous poursuivrons nos efforts pour réduire le plastique, le gaspillage alimentaire et notre empreinte carbone. Aujourd’hui, 92 % de notre viande provient de Suisse, et le reste de France. Nous travaillons maintenant davantage sur les fruits et légumes, et nous privilégions l’ultra-local ou le régional pour l’ensemble de nos produits.

Encore plus

Les questions relatives au présent rapport peuvent être adressées à : environment.report@cern.ch.

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